Dans son seul en scène à la Scala à Paris, le comédien de 41 ans raconte sa vie semée de diktats et de stéréotypes.
Mickaël Délis déborde d’énergie. En une heure et quart, il parvient à exposer avec finesse son rapport complexe à la masculinité. Il aborde tous ces stéréotypes qu’il a rencontrés pour devenir «un vrai homme». Il n’y a aucun tabou, du vestiaire transpirant de testostérone aux discussions ouvertes à la sexualité dès le petit déjeuner avec son père. Tous les mots sont autorisés. Et tous les maux sont exprimés. Le Premier Sexe est un témoignage ni militant ni larmoyant. Le comédien, seul sur scène, raconte avoir d’abord voulu défendre les femmes dans son spectacle avant qu’une amie lui impose de se défendre lui-même, ce sexe «fort».
Il déconstruit sa vision du schéma archaïque du «premier sexe» : un homme ne pleure pas, un homme c’est fort, un homme enchaîne les conquêtes, sinon il est mal vu et homosexuel. Pour Mickaël Délis, un homme «c’est un sexe», un sexe qu’il «aime». Son enfance ? Il l’a vécue entre une mère fumant le cigare et prenant du Xanax et un père fier de ses conquêtes à la jeunesse difficile. Son adolescence ? Il a tenté de se prouver qu’il était hétérosexuel en embrassant une fille, tout en se dandinant sur les musiques de Britney Spears. Sa vie d’adulte ? Il la passe entre acceptation sociale de son homosexualité et un psychologue haut en couleur.
Entre rires et aveux
L’unique accessoire est un fin gilet blanc. Ce tissu se transforme, passant de l’écharpe de sa mère, au slip kangourou de son père à une cape de «super homosexuel invisible». Sa mère était admirative des longs cheveux qu’il avait. Elle l’a encouragé à porter des tutus et à jouer à la poupée. Et avec ses traits fins, on l’a souvent appelé «mademoiselle». «J’étais une grosse fille pour les gens», répète plusieurs fois, celui qui est aujourd’hui un homme mince, musclé et barbu.
Le premier sexe, première partie d’une trilogie, a été jouée cet été à Avignon. Elle est suivie de la Fête du slip, présentée au théâtre La Reine Blanche à Paris en juin, qui questionne tout à la fois le désir, la compulsion, la conquête, le porno et l’andropause. En 2025, La paillette de leurs vies s’attaquera à son parcours de don de sperme.
La salle, La Piccola Scala, en demi-cercle, se prête au jeu de l’intimité et de la proximité avec le public. Il ne s’interdit rien, danses endiablées, cours de gym intense et même acrobaties aériennes. De l’énergie à revendre.
À La Scala Paris, du 24 septembre au 17 novembre les mardis et mercredis à 19h15, 15 à 28 euros.
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