Je viens d’en apprendre de belles sur la vie sexuelle de la femelle d’un opilion à la lecture d’un article paru le 26 octobre 2024 dans la revue en ligne Scientific Reports. Cet opilion (Phalangium opilio), aux pattes longues et fines, est plus connu sous le nom de « faucheux », « faucheuse » ou « faucheur ». Comme les araignées, les opilions ont quatre paires de pattes, mais leur corps n’est pas scindé en deux parties. Le céphalothorax et l’abdomen sont soudés. Contrairement aux araignées, les opilions n’ont pas de venin et sont par conséquent inoffensifs pour l’homme. La plupart des espèces de faucheurs se reproduisent sexuellement et, contrairement à d’autres arachnides, elles sont polygynandres, plusieurs mâles s’accouplant avec plusieurs femelles.
Des chercheurs slovaques ont examiné, en laboratoire, le comportement de femelles Phalangium opilio en leur donnant la possibilité de s’accoupler successivement à deux mâles différents afin d’examiner leur réceptivité sexuelle.
Il avait déjà été observé que certaines femelles P. opilio sautillent et tentent de fuir pendant la copulation, ce qui laissait penser à l’existence, dans cette espèce, d’un conflit sexuel, c’est-à-dire une différence de stratégie liée à l’accouplement entre les deux sexes. De plus, il avait déjà été noté que, lors de la phase précopulatoire, les mâles frottent leur pénis sur la bouche de la femelle. Intrigués par un tel comportement, Pavol Prokop et ses collègues de la faculté des sciences naturelles de l’université Comenius de Bratislava ont voulu en savoir plus. Ils n’ont pas été déçus !
Leurs expériences d’accouplement ont concerné des opilions âgés de 10 à 15 jours, le mâle étant placé à environ 10 cm de la femelle. Au bout de 20 minutes (premier essai), le mâle a été remplacé par un autre, en face de la même femelle, pendant une durée supplémentaire de 20 minutes (second essai). Il faut savoir que les « faucheux » ne dépendent pas de signaux visuels ou chimiques pour localiser leurs partenaires sexuels. Seul compte le contact physique.
Il s’avère que les femelles utilisent la fellation comme un moyen leur permettant d’éviter de copuler, le plus souvent après avoir déjà subi un premier accouplement. Les chercheurs ont enregistré les mouvements actifs des chélicères (appendices buccaux) des femelles sur le long pénis du mâle (habituellement rétracté à l’intérieur du corps), comportement qu’ils considèrent comme étant une fellation.
Même si la fellation a déjà été documentée chez d’autres animaux, c’est la première fois que l’on montre que ce comportement peut servir de stratégie d’évitement pour une femelle non disposée à recopuler. Selon les chercheurs, la fellation témoigne donc de l’existence d’un conflit sexuel sur le taux de réaccouplement.
Un comportement d’accouplement extrêmement agressif
Voyons donc, dans le détail, ce que les chercheurs ont observé . Une fois que le mâle est en contact physique avec une femelle, il tente rapidement d’atteindre la position copulatoire, tête contre tête. La grande majorité des interactions entre individus était de nature extrêmement agressive, avec seulement 9 % des tentatives d’accouplement réalisées sans résistance apparente de la femelle. La plupart du temps, la femelle repoussait le mâle à quatre ou cinq reprises.
Pour parvenir à leur fin, les mâles mordent toujours les femelles sur les pattes et le corps ce qui leur permet d’immobiliser les récalcitrantes. Quatre d’entre elles ont été tuées et partiellement dévorées par les mâles. Deux femelles ont été tuées au cours de la première rencontre après une résistance vigoureuse lors du premier et du deuxième accouplement.
Dans une tentative d’accouplement, le mâle a cassé la patte de la femelle, alors que dans une autre, c’est le mâle qui en a perdu une dans la bataille.
Les mâles ont montré un grand intérêt pour les copulations répétées avec la même femelle (jusqu’à 6 copulations par essai).
Plus de 4 femelles sur 10 ont prodigué une fellation à leur partenaire
Une fellation a eu lieu au moins une fois dans près de la moitié des essais d’accouplement (31 sur 70, 44 % des essais). Ainsi, 23 des 35 femelles ont pratiqué le sexe oral avec leur partenaire mâle. Ce comportement a été observé principalement après la copulation (dans 21 cas sur 31, 68 % des essais).
Les biologistes ont remarqué que les femelles qui avaient pratiqué la fellation lors du premier essai étaient plus susceptibles de la pratiquer à nouveau lors du second, et celles qui ne l’avaient pas pratiquée lors du premier essai étaient plus susceptibles de ne pas s’y livrer lors du second.
Seules quatre femelles ont eu recours à la fellation uniquement lors du premier essai et cinq seulement lors du second. La probabilité de pratiquer la fellation au cours du deuxième essai était donc significativement associée à son utilisation au cours du premier essai. Enfin, plus le nombre de fellations était élevé lors d’un essai et plus le temps passé à copuler était court.
La fellation comme moyen alternatif de résistance aux mâles
Les chercheurs slovaques soulignent que la fellation a toujours été pratiquée dans une position indiquant clairement que la femelle n’était pas disposée à s’accoupler. Le mâle était alors incapable d’atteindre l’orifice génital de la femelle, mais celle-ci pouvait saisir le pénis du mâle en le léchant. À noter qu’aucune fellation n’a été observée lors des quatre essais d’accouplement à l’issue desquels le mâle avait dévoré en partie la femelle. C’est d’ailleurs la première fois que des chercheurs observent un comportement de cannibalisme sexuel chez des opilions.
En résumé, il ressort donc qu’après un premier accouplement, les femelles sont moins réceptives à une nouvelle copulation et que les mâles retentent alors leur chance de manière agressive et répétée. C’est alors qu’une proportion importante de femelles adopte une stratégie sexuelle, en l’occurrence la fellation, dans le but d’éviter de subir une nouvelle copulation. Qui plus est, ce comportement peut être répété !
Signalons que des comportements sexuels peu communs ont été observés chez d’autres espèces animales, tels la fellation et le cunnilingus entre sexes opposés chez des chauves-souris frugivores du genre Pteropus. De même, Caerostris darwini, araignée endémique à Madagascar et dont la toile est la plus résistante connue à ce jour, se livre au sexe oral avec ses partenaires sexuels.
Précisons également qu’un conflit sexuel lors de la copulation existe dans de nombreuses espèces animales (notamment chez des araignées, l’éléphant de mer, le colvert, le coléoptère du tabac ou Lasioderma serricorne). Le comportement de harcèlement et d’agression du mâle peut alors entraîner, chez certaines espèces, une résistance à l’accouplement de la part de la femelle.
Mais revenons aux opilions. Il reste à savoir si la vie sexuelle mouvementée de cette espèce d’arachnides, telle qu’observée en laboratoire, reflète ce qui règne dans la nature où il existe sans doute plus de possibilités pour les femelles de trouver un abri pour échapper aux mâles quand elles ne sont pas sexuellement réceptives.
Pour conclure, signalons que les auteurs ont communiqué, en complément de leur étude, une séquence vidéo qui constitue assurément le premier porno mettant en scène des opilions, filmés à leur insu. Vous pouvez la visionner tout en bas de cette page web.
Marc Gozlan (Suivez-moi sur X, Facebook, LinkedIn, Mastodon, BlueSky, et sur mon autre blog ‘Le diabète dans tous ses états‘, consacré aux mille et une facettes du diabète – déjà 73 billets).
Pour en savoir plus :
Prokop P, Litavský J, Provazník Z. Female Phalangium opilio use fellatio to compensate sexual avoidance. Sci Rep. 2024 Oct 26;14(1):25586. doi: 10.1038/s41598-024-77209-9
Zhang S, Yu L, Tan M, et al. Male mating strategies to counter sexual conflict in spiders. Commun Biol. 2022 Jun 2;5(1):534. doi: 10.1038/s42003-022-03512-8
Gregorič M, Šuen K, Cheng RC, et al. Spider behaviors include oral sexual encounters. Sci Rep. 2016 Apr 29;6:25128. doi: 10.1038/srep25128
Harano T. Receptive females mitigate costs of sexual conflict. J Evol Biol. 2015 Feb;28(2):320-7. doi: 10.1111/jeb.12563
Rönn J, Katvala M, Arnqvist G. Coevolution between harmful male genitalia and female resistance in seed beetles. Proc Natl Acad Sci U S A. 2007 Jun 26;104(26):10921-5. doi: 10.1073/pnas.0701170104
Willemart RH, Farine JP, Peretti AV, Gnaspini P. Behavioral roles of the sexually dimorphic structures in the male harvestman, Phalangium opilio (Opiliones, Phalangiidae). Can J Zool. 2006;84 :1763–1774.
Eberhard WG. The function of female resistance behavior: intromission by male coercion vs. female cooperation in sepsis flies (Diptera: Sepsidae). Rev Biol Trop. 2002 Jun;50(2):485-505.
Sur le web (chapitre d’ouvrage) :
Genitalic evolution in Opiliones
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