L’affaire suscite de l’embarras. Mesurer son degré de gravité est complexe, à ce stade. Pour sûr, les faits se sont déroulés en décembre dernier. Et il n’y a que quelques jours que L’Est Républicain a été alerté, dans la foulée de l’information, parue dans nos colonnes, du classement sans suite de la plainte du maire de Gray , convaincu que sa cérémonie patriotique du 8-Mai avait fait l’objet d’un piratage.
Cette histoire de la bande-son pornographique diffusée pendant ce temps de recueillement a-t-elle réveillé des souvenirs ? C’est possible. Les deux événements n’ont qu’un seul point commun : la diffusion d’un contenu pornographique qui n’avait strictement rien à faire là, quand des témoins l’ont perçue. C’est encore plus vrai dans ce cas présumé d’une vidéo pour adultes qui apparaîtrait à l’écran d’un professeur, alors que son cours était terminé, mais qu’une poignée d’élèves étaient encore dans la salle.
« On s’attendait à ce que cela finisse par sortir. C’est une catastrophe »
À Gray, l’information n’avait pas fuité. À la mairie, au conseil départemental de la Haute-Saône, ainsi que dans les services préfectoraux, personne n’en était avisé, cinq mois après les faits. Au collège Delaunay aussi, le sujet a assez peu été ébruité. « Mais on s’attendait à ce que cela finisse par sortir. C’est une catastrophe », glisse un membre du corps enseignant. Les professeurs que nous avons joints sont sur la retenue. Par principe bien sûr, mais aussi, a priori , en raison du peu d’éléments portés à leur connaissance. « La gestion interroge », lâche une autre personne de l’équipe pédagogique.
Quatre élèves de 6e étaient dans la salle de classe
L’affaire a-t-elle été « étouffée », comme le pensent des sources ? L’Éducation nationale réfute l’idée. « Dès que les faits ont été portés à notre connaissance, l’enseignant a été entendu. Un signalement au procureur de la République a été effectué et la procédure interne a été strictement appliquée », explique le rectorat de l’académie de Besançon. Les services de l’Éducation nationale précisent que l’enseignant a fait l’objet d’une « mesure conservatoire ». Il est depuis suspendu et n’est plus revenu dans l’établissement. « Nous laissons la justice faire son travail », appuie le rectorat.
Les collégiens entendus par l’infirmière
Reste l’interrogation majeure. Comment un contenu pornographique a-t-il pu apparaître sur l’écran d’ordinateur de cet enseignant, présumé innocent, alors que quatre élèves de 6e se trouvaient encore dans la salle. Mauvaise manipulation, concours de circonstances ou acte délibéré ? C’est ce que doit éclaircir l’enquête. Sur la question d’un éventuel suivi psychologique apporté à ces jeunes collégiens, l’Éducation nationale fait savoir qu’ils « ont été reçus par l’infirmière de l’établissement, à même de cerner des besoins ». Pour pallier l’absence du professeur suspendu, l’Académie a fait le nécessaire pour qu’un enseignant remplaçant soit affecté à Delaunay.
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