Ils ont osé. Depuis le 4 juin, sur les pages d’accueil des sites Pornhub, Youporn et Redtube, les dirigeants de ces géants de la pornographie en ligne ont choisi d’afficher La Liberté guidant le peuple du peintre Eugène Delacroix, cette célèbre Marianne campée sur les barricades de 1830, seins nus et drapeau tricolore à la main. Une femme symbole de la République victorieuse pour illustrer un manifeste pro-porno et anti-État. Un comble. Une aberration.
« Votre gouvernement propose de vérifier votre âge à chaque fois que vous visitez notre site, c’est fou, non ? Cela ne protège pas les mineurs - mais au contraire, cela met en danger la vie privée de tout le monde et expose les enfants à des risques », peut-on lire dans le texte qu’ils ont publié, dans une tentative de lobbying d’une mauvaise foi abyssale.
Selon Aylo, l’éditeur des sites, domicilié au Luxembourg, la mise en place d’un contrôle de l’âge de ses utilisateurs, avec la vérification de leur identité par un organisme intermédiaire et non plus par une simple case à cocher, est une atteinte à la liberté des citoyens. Et un danger pour la protection de leurs données. En réaction – dans l’espoir de soulever une foule de mécontents -, ils ont suspendu l’accès à ces plateformes fréquentées chaque jour par au moins 7 millions de Français.
La disparition des écrans, le temps qu’elle durera, de ces fournisseurs d’images pour la plupart violentes et dégradantes, est une bonne nouvelle pour les femmes et le féminisme, pour les mineurs, pour les hommes aussi. Leur succès repose sur un accès gratuit et illimité qui permet des revenus publicitaires – selon un rapport du Sénat, l’industrie mondiale génère 140 milliards de dollars par an -, et sur un phénomène d’addiction à des vidéos extrêmes que le cerveau réclame, stimulé par le choc qu’elles provoquent. En France, un enfant est exposé pour la première fois à du contenu pornographique en ligne à l’âge de 10 ans en moyenne.
Addiction et déshumanisation
Médecins et psychologues alertent sur les ravages causés auprès de ce public jeune et influençable qui, à force de visionnages, développe des comportements agressifs, des déviances, des frustrations, un mépris pour le corps des femmes et pour le consentement. Auprès des moins jeunes également. Au procès des viols de Mazan, les experts ont expliqué que, pour beaucoup de prévenus, « le sexe, c’est de la consommation » et qu’ils étaient nombreux à regarder des vidéos pornographiques à haute dose.
En 2023, sous la présidence de Sylvie Pierre-Brossolette, un rapport du Haut Conseil à l’égalité sur la « pornocriminalité » décrivait ainsi les images regardées lors de leur étude : « Les femmes, caricaturées des pires stéréotypes sexistes et racistes, sont humiliées, objectifiées, déshumanisées, violentées, torturées, subissant des traitements contraires à la fois à la dignité humaine et… à la loi française. » À la suite de cette enquête et grâce au travail de militantes et d’élues, l’Arcom a désormais la possibilité de mettre en demeure les sites pornographiques qui ne se conforment pas à la loi et de demander aux fournisseurs d’accès à Internet le blocage des sites concernés sans passer par une décision de justice.
Malgré les pressions exercées par une industrie milliardaire prête à tout pour préserver ses bénéfices, une autre victoire est à noter : la mise en application depuis février d’un décret qui permet à Pharos, après un signalement en ligne, de faire retirer des images de torture ou d’actes de barbarie dans ces « films », qui en regorgent. Dans la lutte contre les violences sexuelles et pour l’égalité des droits des hommes et des femmes, les mastodontes du X arrivent en haut de la liste des ennemis tant leur pouvoir de nuisance est grand.
S’il n’est pas question d’abolir la pornographie, œuvrer pour que les mineurs y soient le moins souvent exposés est une obligation – largement consensuelle – que les pouvoirs publics doivent porter sans faillir. Bannir les maltraitances physiques non simulées des milliers de vidéos postées sur ces sites ultra-fréquentés est aussi une nécessité et doit devenir la règle. Que seul l’État pourra imposer.
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Pauline Delassus
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