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Melania Trump : pourquoi elle veut aussi gagner

Ce dimanche 27 octobre, Melania a fait un cadeau à son mari : elle a honoré de sa présence le meeting qu’il tient au ­Madison Square Garden, la mythique salle omnisports et de concerts de Manhattan. Une double surprise. Non seulement elle n’était pas annoncée au programme, mais, surtout, depuis le début de la campagne, elle ne s’était encore jamais exprimée publiquement. Au point que l’on se demandait où elle était passée…

En juillet dernier, à la convention républicaine, elle était arrivée, royale, au son de l’adagio de la « 9e symphonie » de Beethoven. Mais elle s’était contentée de sourire et de saluer le public. Cette fois, en plus de l’image, on a eu droit au son. « New York et ­l’Amérique doivent retrouver leur magie […] et un leader sans peur », a-t-elle lancé en annonçant l’entrée en scène de Donald Trump, qui l’a enlacée face à 20 000 militants surchauffés. Rosa, une Dominicaine naturalisée vivant à Brooklyn, s’est alors enthousiasmée devant nous : « Elle a tellement la classe, je l’adore ! »

Au premier rang, aux côtés du milliardaire Elon Musk, qui s’est mué en groupie numéro 1 de Donald Trump ces derniers mois. Ici avec son fils de 4 ans, prénommé «X Æ A-XII », et sa mère, May (en bas à g.).

Au premier rang, aux côtés du milliardaire Elon Musk, qui s’est mué en groupie numéro 1 de Donald Trump ces derniers mois. Ici avec son fils de 4 ans, prénommé «X Æ A-XII », et sa mère, May (en bas à g.). /AP/SIPA / © Alex Brandon

Un couple fascinant

Le couple Melania-Donald fascine l’Amérique depuis plus de vingt-cinq ans. Ces deux-là ont pourtant bien failli ne pas se rencontrer, révèle-t-elle dans « Melania », ses Mémoires parus aux États-Unis début octobre, non traduits en français. C’était en septembre 1998. Melania vit alors à New York, dans un petit deux-pièces sur la 30e Rue, dans l’est de Manhattan, au deuxième étage d’un vieil immeuble, avec vue sur un grand arbre planté dans la cour de service.

« Ma vie n’était pas parfaite », écrit-elle. Une amie lui propose de passer le lendemain au Kit Kat Club, une discothèque à la mode, qui n’existe plus. Le mannequin rechigne : de retour d’un voyage à Paris, elle est en décalage horaire. Elle finit par se laisser convaincre et ouvre, sans s’en douter, un nouveau chapitre de sa vie. Dans le club, un homme s’approche d’elle et lui lance : « Hi, je suis Donald Trump. » Elle a déjà entendu ce nom, mais de lui, elle ne sait rien de plus. Il prend place à côté d’elle. Le courant passe : « Il avait du charme, semblait décontracté, et, surtout, m’écoutait avec intensité, j’avais l’impression d’être le centre du monde », écrit-elle.

Elle refuse de lui donner son numéro de téléphone car il est accompagné d’une jolie blonde, mais ­promet de l’appeler s’il lui donne le sien. Trump fait signe à son garde du corps de lui donner sa carte de visite, avant de s’éclipser. Elle laisse passer quelques jours puis finit par composer son numéro. « Pourquoi ne m’as-tu pas téléphoné plus tôt ? » se plaint-il. Il l’invite à déjeuner. Les voilà tous les deux dans sa Mercedes noire, lui au volant, en route vers son manoir de Bedford, « qui ressemble à un château français », au nord de New York. « J’adorais son authenticité, son côté terre à terre. C’est rare d’être connecté à ce point avec quelqu’un. » Donald Trump, assure-t-elle, est un gentleman : « Encore aujourd’hui, il appelle régulièrement mon docteur pour savoir comment je vais. » Comme lui, elle ne boit pas, ne fume pas.

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Un vrai conte de fées… dans un premier temps

«Kamala a cassé, Trump va réparer. » Le « roi de New York » a rodé son slogan dans le temple
sportif de la Grosse Pomme.

«Kamala a cassé, Trump va réparer. » Le « roi de New York » a rodé son slogan dans le temple
sportif de la Grosse Pomme.
REUTERS / © Carlos Barria

Quand, en 2002, elle s’installe dans le penthouse dégoulinant de dorures au sommet de la Trump Tower, elle admire son « bon goût ». La vie est douce avec cet homme qui l’emmène aux soirées les plus prisées, des Oscars aux Grammys. Le 26 avril 2004, au soir de ses 34 ans, les voilà au Met Gala, le rendez-vous annuel de la mode à New York, où toutes les plus grandes stars s’affichent dans des tenues extravagantes.

Avant de s’y rendre, il lui déclare vouloir passer « toute sa vie » avec elle. « Je me suis sentie la femme la plus chanceuse du monde. » Ils montent les marches du gala sous les flashs des photographes. Elle porte une robe Versace et une bague en diamant de 15 carats au doigt. Quelques jours plus tard, Anna Wintour, la patronne de « Vogue », qui organise l’événement, l’appelle et lui offre un billet d’avion pour Paris afin d’essayer des robes de mariée chez Dior, et dépêche son directeur artistique, André Leon Talley, pour l’aider à choisir sa tenue… La noce a lieu à Mar-a-Lago, le 22 janvier 2005, au milieu des stars de la télé, du sport et de la politique (Bill et ­ Hillary Clinton, que Trump soutient alors). Un vrai conte de fées.

Melania a son mari « dans la peau », c’est en tout cas l’impression qui ressort à la lecture de son livre. Le 16 juin 2015, elle est aux côtés de son époux pour l’annonce de sa première candidature à la présidentielle. « J’étais très fière », écrit-elle. Ce jour-là, sa vie dorée va pourtant basculer. Elle qui fuit la célébrité devient la femme la plus exposée du monde. Elle vit mal le fiasco de son discours à la convention républicaine de 2016, qui reprend des phrases entières de celui de Michelle Obama huit ans plus tôt.

Comme son mari quand il est attaqué, elle refuse d’en porter la responsabilité et accuse de « trahison » ses collaborateurs, coupables de ne pas avoir fait les vérifications nécessaires. Donald Trump est novice en politique, elle encore plus. Mais elle apprend vite. Le 8 novembre 2016, Trump l’emporte. La nuit est longue. Melania se couche à 5 heures du matin, se réveille deux heures plus tard. Elle se dit « impressionnée par son calme ». « Cet homme a une résistance remarquable à la pression. Et pourtant celle-ci n’allait cesser de monter », s’étonne-t-elle.

Elle partage la thèse selon l’élection de 2020 aurait été volée

Donald et Melania sont sur la « même longueur d’onde » , affirme-t-elle. Les deux mènent des vies parallèles, font chambre à part, mais se soutiennent réciproquement. Il la laisse faire quand elle décide de poser ses valises à la Maison-Blanche avec six mois de retard, en juin 2017, pour permettre à Barron, leur fils, de finir son année scolaire à New York. Elle est de tous ses combats et partage ses détestations, en particulier vis-à-vis des médias, elle qui n’a pas supporté qu’un tabloïd ait pu la traiter de « gold digger », intéressée uniquement par l’argent de son mari. La veste « scandaleuse » qu’elle porta un jour, barrée d’une inscription « I really don’t care, do u ? » (« Je n’en ai rien à faire, et vous ? »), était, dit-elle aujourd’hui, un message envoyé à la presse… en forme de doigt d’honneur. Les photos où elle pose nue deux ans avant sa rencontre avec Trump, qui ont fait les choux gras de ses détracteurs ? Rien de moins, pour elle, qu’une célébration « artistique » du corps féminin.

En 2020, en pleine pandémie, Trump attrape le virus. Il est terrassé, elle est à ses côtés. « Le premier soir, j’ai surveillé attentivement sa respiration et palpé son front. Au milieu de la nuit, j’ai cru que son état s’améliorait, mais le lendemain matin, c’était pire », raconte-t-elle. Elle insiste pour qu’il aille à l’hôpital, ce qu’il finit par faire. Selon elle, son mari est alors « injustement » attaqué pour sa gestion du Covid. S’il perd l’élection de 2020, c’est, écrit-elle, la faute « aux médias, aux Big Tech [les géants de la technologie, de Google à Facebook en passant par Twitter, NDLR] et au “deep state” [la bureaucratie anti-trumpiste de Washington] ».

Melania épouse la thèse de son mari selon laquelle l’élection lui aurait été volée. Le 6 janvier 2021, alors que le Capitole est mis à sac par des hordes trumpistes, elle se garde bien de lancer un appel au calme. Mais simplement parce que, se justifiera-t-elle, son staff ne l’avait pas mise au courant des événements en temps réel… Toujours l’art de se défausser, quitte à passer pour une Marie-Antoinette vivant dans sa tour d’ivoire. De même, elle dénoncera avec virulence la perquisition du FBI, le 8 août 2022, dans l’affaire des dossiers classifiés que Trump est alors accusé d’avoir illégalement emportés chez lui, alors qu’ils devaient être remis aux Archives nationales. « Une intrusion inacceptable » qui lui rappelle l’enquête menée par le régime communiste yougoslave sur son père, amateur de belles voitures.

L’avortement, le seul sujet qui les oppose

L’ex-First Lady se garde bien d’évoquer, dans son livre, les multiples scandales sexuels auxquels son mari est lié. Question de survie, sans doute. Elle a brillé par son absence lors des procès de Donald Trump, notamment à celui où il a été condamné pour avoir acheté le silence de la star du porno Stormy Daniels. Les faits remontent à 2006, quand Barron avait 4 mois, et selon tous les témoignages, Melania a très mal vécu ce déballage.

Au final, entre elle et lui, il n’y a guère qu’un seul sujet qui puisse les opposer : l’avortement. Elle est pour, il est contre (après avoir été longtemps pour). Elle en parle avec force, allant jusqu’à reprendre à son compte un slogan progressiste : « My body, my choice » (« Mon corps, mon choix »). Ce point de divergence est la principale surprise de ses Mémoires. Mais fait-il vraiment de l’ombre à son mari ? Il présente au contraire l’avantage d’élargir sa base électorale.

« J’étais nerveux quand j’ai lu le livre parce que je me demandais si elle avait écrit des horreurs sur moi », plaisantait Trump le 27 octobre au Madison Square Garden, tout en vantant le fait qu’il soit « numéro un des ventes au palmarès du “New York Times” ». Au premier rang, à côté du milliardaire Elon Musk qui tenait son jeune fils sur ses genoux, Melania souriait : plus que jamais, en campagne pour son mari.

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