L’histoire de Cédric (*) commence par une banale rencontre. À 45 ans, il croise le chemin de Solène (*), de 10 ans sa cadette, lors d’une porte ouverte d’associations culturelles. Le soir même, elle l’ajoute sur les réseaux sociaux et ils commencent des échanges qui vont s’intensifier et devenir plus personnels. Au bout d’un mois, ils se rencontrent à nouveau dans la vraie vie. Cédric tombe sous le charme et ils se mettent en couple et officialisent leur relation. « Pour moi, tout semblait évident : j’avais rencontré la femme idéale tant elle répondait à mes valeurs humaines et artistiques », se souvient-il.
Au bout d’un an de relation, ils emménagent ensemble, dans leur région, puis ils décident de se marier. « Un mariage heureux, un des plus beaux jours de ma vie », continue Cédric. Sur son petit nuage, le couple se lance dans le projet d’avoir un enfant. « Ça lui tenait vraiment à cœur », témoigne-t-il. Solène tombe enceinte mais fait une fausse couche à trois mois de grossesse, lors de leur voyage de noces. Quelques mois après, elle retombe enceinte mais le sort s’acharne, puisqu’elle fait de nouveau une fausse couche.
Une double vie dans le porno et la prostitution
Après ces épreuves difficiles, la situation au sein du couple se complique. Cédric soupçonne sa femme d’être infidèle avec l’un de ses collègues de travail, qu’il connaît aussi. Ces soupçons provoquent disputes et crises de colère. Ils décident de consulter une psychologue en couple mais les tensions reviennent après quelques mois d’accalmie. Les soupçons de tromperies sont toujours là, les conflits continuent d’éclater et Cédric accuse sa femme de violence. Ne pouvant plus supporter cette situation, il demande le divorce après plus de deux ans de vie ensemble.
Six mois plus tard, Cédric découvre l’impensable. Il reçoit le message d’un ami sur son téléphone qui va remettre en question toutes ses dernières années. « Il m’envoie un lien vidéo en écrivant “C’est pas ta femme ?” En voyant la miniature de la vidéo, je me suis mis à convulser de douleur et à vomir de tout mon corps. J’ai reconnu mon ex-femme et découvert qu’elle était actrice porno », avoue-t-il. Il commence alors des recherches sur celle qu’il pensait connaître et découvre l’ampleur de son secret.
« Je suis tombé sur des vidéos avec son collègue avec qui je soupçonnais un adultère. Elle a fait 82 vidéos avec lui pendant 18 mois alors que nous étions mariés. Elle n’allait pas à la danse le soir, mais elle tournait des vidéos, dont certaines ont dépassé les cinq millions de vues. Elle a des vidéos payantes à une dizaine d’euros pièce qui font 400 000 vues. Je suis tombé sur des choses vraiment salaces, alors que notre vie sexuelle était des plus banales, limite ennuyeuse, ou en tout cas très conventionnelle. J’étais abasourdi, c’était impensable », confie-t-il.
En continuant ses recherches, il découvre également qu’elle est une escort-girl dominatrice et qu’elle propose ses services dans leur région. « En fouillant, je suis tombée sur son profil et ses annonces. J’ai découvert qu’elle avait couché avec des hommes de notre entourage qui ne pouvaient rien dire : comme c’était filmé, elle avait un moyen de pression », poursuit Cédric.
« Elle avait le profil d’un ange »
Il reste abasourdi de cette double vie qu’il n’aurait jamais pu imaginer. « C’était impensable. Elle avait le profil d’un ange, d’une femme bien sous tout rapport, presque timide. Le rôle qu’elle a dans ses activités pornographiques et de prostitution, c’est l’antithèse de la personne dont je suis tombé amoureux. Avec du recul, j’avais plein d’indices, mais je ne pouvais pas y croire. C’est trop dur à imaginer », assure-t-il. Ses activités clandestines lui apportaient un niveau de vie très confortable, elle possédait plusieurs appartements dans lesquels elle tournait ses vidéos.
Un coup de massue pour celui qui aspirait seulement à vivre une histoire d’amour des plus classiques. « Je cherchais juste une relation sérieuse. Une maison, des enfants, un chien. Tous les deux, on avait un bon boulot, tous les voyants étaient au vert. Elle avait construit un rôle sur mesure pour répondre à mes attentes », analyse-t-il. « On parlait beaucoup d’elle dans son service. Fonctionnaire, elle avait besoin de redorer son image en se casant avec quelqu’un qui n’avait aucune casserole. J’étais son alibi parfait et je lui permettais aussi de réaliser ses rêves, car aussi paradoxal que cela puisse paraître, elle rêvait d’un mariage à l’église, d’une robe blanche et de devenir mère. Le drame de sa vie, c’est d’avoir perdu ses bébés », assure-t-il.
Une histoire digne d’un scénario Netflix
Après cette découverte, il a consulté une psychiatre pour absorber le choc. « Elle m’a dit : “pour moi, c’est un cas d’école. C’est un scénario Netflix. C’est un profil relevant de la psychopathie”. » Il a conservé de nombreuses preuves de son activité, dont plus de 600 vidéos, mais a décidé de ne pas la confronter. « Cela n’aurait pas servi à grand-chose et ne m’apporterait rien. Je n’ai pas l’esprit de vengeance. Le divorce avait déjà été prononcé, il a été houleux, elle l’a refusé, nous avons dû passer devant un juge des affaires familiales, elle m’a mis des bâtons dans les roues pour vendre la maison. L’agent immobilier m’avait dit à l’époque que “sous son air angélique se cache une femme machiavélique”. J’avais besoin d’avancer », explique-t-il.
Quelque temps après, il a accepté une mutation et a changé de ville, voulant mettre définitivement cette histoire derrière lui. « Le plus dur a été la rupture, la vente de la maison, le vol de mes affaires, la violence et le discrédit. Elle a voulu détruire ma réputation auprès de mon employeur, mon entourage, sur les réseaux sociaux… Découvrir sa double vie a été un choc, mais presque un soulagement. Mes soupçons étaient justes, même si ça dépassait l’entendement », poursuit Cédric.
Il garde des séquelles de cette histoire dans sa relation avec les femmes. « J’ai depuis eu une compagne, mais je suis devenu extrêmement méfiant, j’ai refusé qu’on habite ensemble et je voulais que toutes les choses soient dites. Et au moindre doute, je laisse tomber », reconnaît-il. Il retiendra également que même les histoires les plus invraisemblables n’arrivent pas qu’aux autres et que la confiance s’acquiert avec le temps.
(*) Les prénoms ont été modifiés.
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