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Violences dans le porno : où en sont les poursuites judiciaires dans les affaires French Bukkake et Jacquie et Michel

Avertissement

Cet article relate la description de violences sexuelles et peut choquer.

Emilie, Loubna, Noëlie, Mélanie, Niya, Amélie (1)… Quinze femmes, quinze victimes des affaires French Bukkake et Jacquie et Michel, témoignent dans un ouvrage collectif, Sous nos regards (Seuil), qui paraît vendredi 11 avril. Le livre, recueil glaçant des violences sexuelles subies dans le cadre de tournages de films pornographiques et de leurs suites, leur donne enfin une voix.

Si l’affaire Jacquie et Michel est toujours en cours d’instruction (lire encadré ci-dessous), l’affaire French Bukkake, elle, doit faire l’objet d’un procès dans les mois à venir. 42 femmes se sont constituées partie civile et 16 hommes, producteurs et acteurs, sont mis en examen pour des faits de viols aggravés, complicité de viols, proxénétisme aggravé, traite des êtres humains à des fins de viols, diffusion d’images de viols. Parmi eux, Pascal O., à la tête de la plateforme, Julien D. chargé du «rabattage» des victimes, ou Mathieu L. et Célian V., à la fois acteurs de ces films et réalisateurs.

Ces jeunes femmes, pour certaines déjà victimes de violences sexuelles ou pédocriminelles, étaient ciblées dans des moments de grande vulnérabilité – elles étaient mères célibataires, sans ressources ou sans famille. Elles ont été approchées selon un mode opératoire identique : création par l’un des mis en cause, Julien D., d’un avatar féminin, Axelle Vercoutre ; recueil de leurs confidences ; relation sexuelle tarifée préliminaire proposée, menant à un premier viol, sans argent remis ; puis, une fois la victime psychologiquement brisée, proposition de tournage de film pornographique, avec la promesse que les vidéos ne seraient pas diffusées en France, et dans un cercle restreint ; promesse de respecter leur refus de certaines pratiques, comme la sodomie ou l’éjaculation faciale.

Les «tournages» étaient en réalité, selon ce que décrivent les victimes, des viols filmés durant des heures, en réunion, avec insultes, coups, pratiques sexuelles extrêmes non consenties, jusqu’à parfois les faire saigner et s’étouffer – «J’vais mourir», dit l’une d’entre elles, sous les ricanements des participants. Parmi les victimes, 32 ont ainsi formé, le 21 mars, un pourvoi en cassation après que leur demande de prendre en compte plusieurs circonstances aggravantes, dont celles «d’acte de torture et barbarie», de «racisme» et de «sexisme» a été rejetée en appel en février.

Pour la première circonstance aggravante, la cour d’appel de Paris a estimé que les victimes avaient «accompli une démarche initiale volontaire pour participer à des tournages», que les actes sexuels pouvaient être «douloureux», mais que «les souffrances ne pouvaient être considérées comme exceptionnellement aiguës et prolongées». Certains «tournages» pouvaient durer vingt-quatre heures, selon des témoignages. Malgré les pleurs, les suppliques, les saignements visibles sur les vidéos, la chambre de l’instruction a estimé qu’il n’y avait pas de «blessure distincte délibérément infligée». Quant aux insultes racistes et sexistes – «vide-couilles», «massacrez-la, la beurette» –, elles n’ont pas été retenues au motif que les actes commis sur ces femmes participent «de la réalisation d’œuvres de l’esprit».

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«Ces circonstances aggravantes auraient entraîné des peines encourues supérieures à vingt ans de réclusion criminelle, qui est la ligne de démarcation entre la cour d’assises, avec jury populaire, et la cour criminelle départementale, tenue par des magistrats professionnels. Cela permet à la justice de faire des économies et d’aller plus vite», grince Lorraine Questiaux, l’avocate qui représente trois parties civiles et trois associations (Osez le féminisme, le Mouvement du nid, les Effronté·es) dans l’affaire French Bukkake. Alors que l’arrêt de la Cour de cassation sera rendu avant le 17 mai sur ces qualifications, l’avocate présage un délai d’au moins six mois avant l’ouverture des débats devant un tribunal.

«On est à la fois dans un procès de violences extrêmes contre des femmes, mais aussi au cœur de la culture du viol», commente Lorraine Questiaux, qui souhaite susciter une prise de conscience sur la responsabilité des hommes dans l’industrie du porno, qu’ils en soient acteurs ou consommateurs : «Ces vidéos mettent en scène la torture de femmes, sur laquelle des hommes rigolent et se masturbent.»

(1) Les prénoms ont été modifiés.

Affaire Jacquie et Michel : l’avocate dénonce «l’inertie totale»

Les faits de violences se répondent, les connexions sont directes entre la plateforme French Bukkake, le géant du porno amateur Jacquie et Michel et de nombreux cadres de la société Ares qui possédait à l’époque le site Jacquie et Michel. «Ils se connaissent, se fréquentent, se refilent les femmes, travaillent soit en concurrence, soit en bonne intelligence. Ca alterne», résume Lorraine Questiaux, conseil de trois plaignantes et trois parties civiles dans cette affaire. Les deux procédures judiciaires sont néanmoins distinctes. Dans le volet Jacquie et Michel, trois personnes sont à ce stade mises en cause pour «complicité de viol aggravé» et «traite d’être humain». Un ancien acteur et deux anciens réalisateurs ont également été mis en examen pour viols, complicité de viol, proxénétisme aggravé et traite d’être humain en bande organisée. La mise en examen de Michel Piron, le patron du site, a, elle, été levée il y a quelques mois, selon Lorraine Questiaux. Sept victimes se sont portées partie civile. Alors que le dossier est en instruction depuis 2022, l’avocate s’inquiète de «l’inertie totale du juge d’instruction». Quasiment aucun acte demandé par ses soins n’a été diligenté. L’une de ses clientes n’a toujours pas été expertisée, une seconde ne l’a été que fin mars. Elle s’inquiète : «Les autorités judiciaires n’ont pas mesuré l’importance de ce dossier. Un seul enquêteur travaille dessus alors qu’on est potentiellement sur le plus gros dossier d’exploitation sexuelle en France.»

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