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Les sites porno doivent vérifier l’âge des utilisateurs à partir de ce samedi, sous peine de blocage

Cette mesure de protection des mineurs entre en application après une longue bataille entre les éditeurs et les pouvoirs publics.

Envoyer une photo ou un document d’identité pour accéder à un site pornographique : à partir de ce samedi 11 janvier, les éditeurs de ces plateformes ont l’obligation de vérifier l’âge de leurs utilisateurs en France, sous peine de blocage. Cette mesure, mise en place après une longue bataille entre les concernés et les pouvoirs publics, n’était toutefois pas appliquée sur plusieurs des sites les plus fréquentés ce samedi matin, a constaté Le Figaro. Elle peut de toute façon être facilement contournée avec l’usage d’un VPN.

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Pour se conformer à cette nouvelle règle, les sites X doivent désormais exiger l’envoi d’une photo ou d’un document d’identité par exemple, en proposant au moins une méthode respectant le principe de «double anonymat» qui permet de prouver sa majorité sans divulguer son identité. Sans cela, ils s’exposent à une sanction de l’Arcom, le gendarme du numérique, qui peut, depuis l’adoption en mai de la loi dite Sren visant à sécuriser internet, ordonner un blocage par les opérateurs télécoms et le déréférencement des sites incriminés. La procédure prend toutefois plus de deux mois, de l’identification du site à la demande de blocage effective.

Période de tolérance

La mesure était réclamée de longue date par les associations de protection de l’enfance. Car 2,3 millions de mineurs fréquentent des sites pornographiques en France, selon l’Arcom. «Les sites visés sont les plus problématiques, donc ceux qui sont les plus connus et qui ont les plus fortes audiences», affirme une source proche du dossier. Une tolérance est accordée jusqu’au 11 avril aux sites qui proposent déjà une identification au moyen d’une carte bancaire mais ils devront ensuite obligatoirement proposer une solution à «double anonymat».

De nombreuses start-up – près d’une dizaine rien qu’en France – sont désormais sur les rangs pour équiper les sites de ce nouvel usage : d’un côté, l’utilisateur prouve sa majorité en téléchargeant un document d’identité sur une application et, de l’autre, le site internet reçoit l’information de l’âge du visiteur, sans connaître son identité. La publication du référentiel de l’Arcom a donné «un vrai coup de boost» à ce marché encore naissant, explique Jacky Lamraoui, qui dirige la start-up française IDxLab. Sa solution «Anonymage» est déjà présente sur une vingtaine de sites – toutes des plateformes pour adultes. 

C’est le cas du français Tukif, qui s’en est doté après que la cour d’appel de Paris a ordonné son blocage en octobre. «La loi est plutôt bonne mais, le problème, c’est la méthode employée», regrette Jérôme, le responsable du site qui ne souhaite pas donner son nom. Il affirme être le seul «tube» (site pornographique gratuit) français qui vérifie l’âge actuellement.

Baisse de fréquentation

Il dénonce notamment le coût de ces systèmes de vérification, «1 ou 2 centimes par visiteur» pour les moins chers, mais aussi l’effet dissuasif sur les utilisateurs, qui se détournent vers des plateformes non réglementées ou des contenus partagés sur des réseaux sociaux comme X ou Reddit, non soumis à cette législation. «Depuis novembre, moins de 5% des utilisateurs qui arrivent sur le système de vérification en sortent vérifiés», se désole-t-il. «Ça a tué la fréquentation de notre site».

Car cette nouvelle mesure ne concerne pour l’instant que les sites basés en France et en dehors de l’Union européenne. Ceux installés dans un autre pays européen disposent de quelques mois de répit, le temps de la mise en place d’une procédure qui verra l’Arcom notifier les pays concernés en cas de non-respect de la loi française avant blocage. Mais à terme, ils devront aussi s’y conformer.

«Trou dans la raquette»

Aylo, maison mère des sites pornographiques Pornhub et Brazzers basée à Chypre, avait affirmé en décembre à l’AFP être «consciente de la nouvelle règle et s’engage(r) à toujours respecter la loi», tout en jugeant ces mesures «inefficaces» et «dangereuses» pour la sécurité et la vie privée des utilisateurs.

Malgré l’arsenal déployé par l’Arcom, des moyens de contournement existent, comme l’installation d’un VPN. Son utilisation rend la connexion anonyme et masque la localisation de l’internaute en changeant son adresse IP, permettant par exemple de faire croire qu’il se situe dans un autre pays et ainsi de contourner les règles françaises. «C’est un vrai trou dans la raquette», regrette Jacky Lamraoui. Aux États-Unis, où près d’un tiers des États a imposé des restrictions similaires à la France, des pics de recherche et d’utilisation de VPN ont été enregistrés.

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