Menu Fermer

Notre critique d’Anora: sexe, action et sentiment

CRITIQUE – Palme d’or au dernier Festival de Cannes, le film de Sean Baker suit une travailleuse du sexe aux États-Unis dont s’entiche un jeune Russe. Au programme, lune de miel et gros bras.

Il arrive de Cannes avec la réputation du « film qui a mis tout le monde d’accord ». Il brille même, auréolé de sa palme d’or. Pourtant, avant le festival, qui aurait parié sur Sean Baker, réalisateur américain en marge de la machinerie hollywoodienne et chantre des laissés-pour-compte, des prostitués, des marginaux ?

Pas vraiment ceux qui le découvrirent en mai dernier sur la Croisette pour sortir, deux heures vingt plus tard, le sourire aux lèvres. De la dynamite, Anora  ! Cinq mois plus tard, le film sort sur les écrans. Son affiche, avec cette belle brune s’accrochant à un jeune prince sous les néons de Las Vegas, a des airs de conte de fées. Il y a de ça dans le film du cinéaste américain, mais la marâtre est une oligarque russe et les fées des gros bras rompus à l’art de l’intimidation. 

Anora (Mikey Madison), la jeune femme brune, préfère qu’on l’appelle Ani. Elle se présente ainsi aux clients de la boîte de striptease de Brooklyn, ceux qui mettent des billets sous son peu de vêtements lorsqu’elle danse pour eux. Et plus si affinités. À un client lui demandant si ses parents savent qu’elle travaille ici, elle répond du tac au tac : « Et vos enfants, ils savent que vous êtes ici ? » Sourire ravageur mais tête froide.

Un jeune Russe débarque. Le patron pressent que c’est un type à plumer. Il envoie Anora, qui connaît quelques rudiments de russe par sa grand-mère. Ivan Zakharov (Mark Eydelshteyn) ressemble à un ado décérébré, rit tout le temps, ne demande qu’à s’amuser et ne tarit pas d’éloges devant les prestations d’Ani. Il n’en revient pas : « T’as l’air d’avoir 25 ans », lorsqu’elle lui révèle qu’elle en a 21. Crétin mais attachant.

Chaque jour est monnayé

Comme Richard Gere tombait sous le charme de Julia Roberts dans Pretty Woman, Ivan se toque d’Ani au point bientôt de ne plus pouvoir s’en passer. Il l’invite chez lui (en fait, la maison de ses parents milliardaires) – « Googlise le nom de mon père, tu verras qui c’est » – à sa fête de Nouvel An et bientôt à Las Vegas avec ses amis noceurs. Ivan arrose tout le monde de dollars, à commencer par Ani, qui monnaye chaque jour passé avec lui tout en honorant joyeusement ce client frénétique au lit.

Sur cette trame, qui démarre comme une comédie romantique pour adolescents délurés, Sean Baker tricote un film inclassable qui prend bientôt une tout autre direction. Le mariage express des deux jeunes à Las Vegas ? Un « gossip », selon l’homme de confiance chargé de veiller sur l’étudiant russe envoyé aux États-Unis par ses parents. La mère n’a pas l’air commode au téléphone. Le pauvre Toros mandate son acolyte Garnik et Igor, leur homme de main, pour vérifier auprès d’Ivan. C’est peu dire que la découverte de la mésalliance par le trio passe mal. Le marié se carapate tandis que la mariée se défend comme une lionne face aux trois hommes qui tentent de la maîtriser.*

Mikey Madison maîtrise tous les tableaux

Sean Baker orchestre une scène d’action d’anthologie de vingt-cinq minutes, une bagarre aussi rythmée que drolatique mettant en scène la confrontation entre une petite stripteaseuse à la souplesse de Nadia Comaneci et trois musclés balourds, tendance lancer de poids. Ils ne veulent pas blesser cette porcelaine de Saxe mais c’est tout le salon qui trinque. La scène est le pivot du film qui bascule dans une autre ambiance. Fini le bling-bling des loisirs de jeunes riches oisifs et décérébrés, bienvenue dans le Brooklyn en grisaille et en nuances de la communauté russe.

La caméra de Sean Baker capte l’atmosphère de Coney Island en hiver. Il fait froid, la brume nimbe le décor de Little Odessa. Ani s’allie aux pieds nickelés désemparés pour tenter de retrouver son mari. On voit ses rêves de princesse se fissurer sur son joli visage. La déception a remplacé la joie. L’actrice Mikey Madison maîtrise tous les tableaux, sexe, action et sentiment, enhardie par un réalisateur qui laisse transparaître son admiration et sa confiance envers ses acteurs. Aucun n’a été maltraité sur le film et encore moins la jeune femme, qui n’a pas voulu de ces « coordinateurs d’intimité » en vogue sur les plateaux. Elle a préféré s’entraîner avec une chorégraphe.

Sean Baker passe du trivial au sentimental, du rire au serrement de cœur avec un naturel rafraîchissant et une sincérité qui fait mouche. Il en résulte un film qui étonne et réjouit par sa tonalité. On lit la patte d’un cinéaste. D’un film, on pourra dire désormais : « Ça ressemble à du Sean Baker. »

Le but de f-porno.org est de traiter le sujet de Vidéo Fetish en toute clarté en vous offrant la visibilité de tout ce qui est publié sur ce sujet sur le web f-porno.org vous présente cet article développant du sujet « Vidéo Fetish ». Ce texte se veut reconstitué du mieux possible. Si tant est que vous souhaitez apporter des remarques concernant le thème « Vidéo Fetish » vous avez la possibilité de discuter avec notre rédaction. D’ici peu, nous présenterons d’autres informations sur le sujet « Vidéo Fetish ». visitez de manière régulière notre blog.