« On voulait pimenter notre vie de couple » : le porno peut-il vraiment raviver le désir

« On voulait pimenter notre vie de couple ». Matthieu, 27 ans, se souvient encore de ce soir où, avec sa compagne, ils ont lancé une scène X pour se stimuler. « On a choisi une scène plutôt classique, un couple qui se drague dans un bar. Finalement, on a passé plus de temps à commenter la taille du sexe de l’acteur qu’à s’exciter. »

Ils avaient prévu de reproduire certaines positions, mais « ça ne paraissait pas vraiment confortable », dit-il en riant. « On n’a pas réitéré l’expérience. Ça ne nous a pas perturbés, mais ça nous a clairement déconcentrés de la tension sexuelle entre nous deux. »
Malgré tout, il garde un souvenir positif : « Ça nous a permis d’avoir une discussion ouverte. »

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Du rire à la complicité

Pour d’autres, le porno devient un terrain d’échange complice. Clarisse, 52 ans, et Stéphane, 54 ans, sont ensemble depuis trois ans et vivent partiellement ensemble : « On a des enfants à gérer des deux côtés. » Leurs goûts divergent : « Lui aime le porno français, et moi le porno américain. Par exemple, je suis fan d’une série Playboy sur les couples découvrant le libertinage dans un manoir, avec la bienveillance d’autres couples. »

Leur visionnage est devenu un prolongement de leur relation : « Lui montrer ce que j’aime lui permet de comprendre et d’évoluer dans nos jeux personnels, et c’est très intéressant. On rigole, on se communique nos limites, nos envies. Et moi, lorsqu’il me montre ce qu’il aime, je comprends mieux sa façon de fonctionner. »

À LIRE AUSSI Érotisme, dégoût, domination : les faces cachées de l’éjaculation facialeLeur pratique s’inscrit dans une relation D/s (domination/soumission) : « Parfois, il me donne des devoirs : je dois regarder une scène, lui envoyer le lien et lui expliquer deux moments que j’ai appréciés et un moment que j’ai moins aimé. Il veut comprendre pourquoi j’aime ou je n’aime pas telle ou telle situation. »

Même ton décalé chez Valentin, 32 ans : « Au niveau de ce que nous avons pu regarder à deux, surtout de courtes vidéos, et en particulier quand le scénario était ubuesque. Ça avait démarré quand ma femme était tombée sur ma pornothèque, et le titre Christmas Anal Punishment l’avait fait beaucoup rire. Après, je lui partage pas mal de gifs ou de courtes vidéos à distance, provenant de Tumblr par exemple. »

Quand l’écran stimule… ou frustre

Joris, 27 ans, a lui aussi tenté l’expérience. « Cela m’est arrivé récemment, surtout avec ma compagne, qui atteint l’orgasme en trois minutes lorsqu’elle regarde un film pornographique seule. Pour explorer cela de manière pragmatique, je l’ai encouragée à visionner une vidéo tout en se touchant. À peine la scène lancée (une double pénétration), j’ai tenté d’imiter la scène en lui introduisant un plug anal. Le plaisir fut immédiat et intense. »

Mais l’effet fut de courte durée : « Avec le recul, je doute que cela favorise un épanouissement durable. À mes yeux, ce type de pratique relève du fantasme et gagne à rester dans la sphère intime de chacun. Toute expérience mérite d’être tentée, mais dans son cas, où je peine à la faire jouir seul, cela reste frustrant et révèle un biais, voire une dimension pathologique. »

Erwan, 32 ans, a eu plusieurs expériences similaires, à différentes périodes de sa vie : « Une fois, par proposition de ma partenaire, elle a choisi une vidéo, et on a reproduit les positions. » Une autre fois, c’est lui qui avait pris la main : « J’ai choisi la vidéo, et c’était une masturbation très poussée, uniquement dans le but de me faire jouir, l’idée était commune. »

Enfin, il se souvient d’une troisième fois : « Après avoir écumé le site de Dorcel, je suis tombé sur une vidéo qui m’a fait penser à notre façon de coucher ensemble. Je lui ai proposé qu’on la regarde, et c’était hyper excitant. »

S’il ne garde aucun souvenir de gêne, il note que « les vidéos étaient toujours orientées pour [son] plaisir », et que sa partenaire « refusait catégoriquement de [lui] montrer le contenu qu’elle consommait ».

Une pornographie plus éthique et incarnée

L’actrice et réalisatrice Nikita Bellucci défend une pornographie plus respectueuse des couples : « Dans un couple, ça peut ouvrir des sujets de discussion. Ce que l’on met en avant, c’est évidemment le consentement. Et puis aussi le pouvoir de la femme. J’en ai marre de voir des actrices soumises, je veux montrer des femmes soumises mais qui choisissent de l’être. »

Elle évoque notamment son film Domina : « On fait un gang bang, j’arrive non pas à quatre pattes mais debout. Et c’est moi qui choisis qui me touche et comment. » Son objectif : montrer que les femmes peuvent avoir des fantasmes hard sans renoncer à leur autonomie. « On n’imagine pas une seule seconde que les femmes aiment les gang bangs. Et puis il y a des préservatifs à chaque scène. On cherche aussi à faire passer des messages sur les IST. »

Un miroir déformant du désir

Pour la sexothérapeute Margaux Terrou, « le porno peut créer une dissonance entre ce qu’on voit et ce qu’on vit ». Elle déplore la « morcellisation du corps féminin » et la « banalisation de la violence » sur certains sites : « Avant, il y avait une histoire ; maintenant, ce sont des catégories comme “gros cul asiatique” ou “blonde seins énormes”. »

Selon elle, la consommation de porno a un impact indirect sur la vie de couple : « Ils vont vouloir faire plus de rapports, plus de pratiques. Il y a une dissonance entre ce qu’ils voient et ce qu’ils font, ça crée des éléments de comparaison. »

À LIRE AUSSI « Ça n’a rien à voir avec tromper » : penser à d’autres partenaires en faisant l’amour, grave ou pas ? Elle ajoute : « Les femmes, souvent, sont dégoûtées que les hommes regardent du porno avec des filles qui ne leur ressemblent pas. »

Selon une étude IFOP / 01net (2023), 53 % des 18-24 ans estiment que le porno a participé à leur apprentissage sexuel, et 28 % des Français déclarent avoir visité un site pornographique au cours des trois derniers mois, 46 % des hommes contre 14 % des femmes.

Le porno audio, alternative subtile

Face à la surcharge d’images, la thérapeute préconise d’autres formes d’exploration : « Je suggère plus les podcasts érotiques, Hot Stories, Voxxx, Coxxx. Quand tu n’as jamais regardé un porno à deux, le visuel, c’est beaucoup. »


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Clarisse partage ce goût pour l’audio : « Je suis très sensible aux bandes sonores dans les films. » Une approche plus douce, qui permet de nourrir l’imaginaire sans tomber dans la comparaison.

Alors, le porno en couple, bonne ou mauvaise idée ? Comme le résume Margaux Terrou, le contenu n’est pas un problème en soi, mais une question de mesure. Il faut qu’il reste un appui au dialogue, et non une béquille à la relation.


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